Des membres du personnel médical de l’HGJ effectuent des interventions chirurgicales désespérément requises au Rwanda


Lors de la mission médicale au Rwanda, en décembre 2017, l’équipe était composée de (rangée arrière, de gauche à droite) Dr Jacques Corcos, urologue à l’HGJ, Christiane Honeine, infirmière clinicienne à l’HGJ, Dr Shachar Aharony, urologue au Centre médical Rabin, à Tel-Aviv, et Dr Duane Hickling, urologue à l’Hôpital d’Ottawa; (assis, de gauche à droite) Andrea Juarez, directrice, Programme en français au Centre d’apprentissage Oxford Learning, à Montréal, Bibi Natasha Yasin, infirmière à l’HGJ, Dre Christine Miyibogora, anesthésiste à l’Hôpital de Ruhengeri, au Rwanda, Dr Alfred Homsy, anesthésiste à l’Hôpital de LaSalle, à Montréal, et Claudia Champagne, infirmière à l’Hôpital de LaSalle.
Un chirurgien urologue à l’HGJ et deux infirmières de l’Hôpital se sont acquis la reconnaissance d’une douzaine de mères africaines, lors de leur voyage au Rwanda, en décembre dernier, où ils ont soigné bénévolement un problème médical relativement rare en Amérique du Nord, mais malheureusement très fréquent chez les Africaines.
Le Dr Jacques Corcos, anciennement chef du Service d’urologie à l’HGJ, était accompagné de l’infirmière clinicienne Christiane Honeine et de l’infirmière Bibi Natasha Yasin lors d’une mission de deux semaines à l’Hôpital de Ruhengeri, où des femmes, vivant pour la plupart dans des conditions d’extrême pauvreté, sont opérées et reçoivent des soins médicaux gratuitement.
Cette visite, la plus récente d’une série de séjours bisannuels effectués depuis 2009, était financée par la Fondation MMS – Mères du monde en santé, un organisme sans but lucratif fondé par le Dr Corcos. Les objectifs de cet organisme sont notamment de soigner et de prévenir les fistules obstétricales chez les Africaines, d’appuyer la réadaptation physique, psychologique et sociale des femmes qui ont été soignées, et de former les professionnels de la santé en Afrique et au Canada afin de réduire la mortalité maternelle.
Une intervention chirurgicale est la seule manière de soigner une fistule (un trou) entre le vagin et la vessie, ou entre le vagin et le rectum qui survient souvent quand une jeune adolescente accouche. Selon le Dr Corcos, dans plusieurs pays d’Afrique, les jeunes filles se marient dès le début de l’adolescence et deviennent enceintes avant que leur pelvis soit suffisamment développé pour permettre un accouchement. Par conséquent, pendant les contractions la vessie se trouve comprimée entre la tête du bébé et les os de la mère.
Bien que la plupart des patientes soient de Ruhengeri – la deuxième ville en importance au Rwanda, avec une population d’environ 200 000 personnes – ou de la région, certaines femmes viennent d’aussi loin que le Congo et l’Ouganda pour être soignées.
« Il s’agit d’une intervention chirurgicale extrêmement délicate », explique le Dr Corcos en parlant de l’opération qui peut durer de deux à douze heures, selon le cas. « Parmi tout ce que nous faisons en urologie, les fistules sont parmi les cas les plus difficiles. Mais, 1,5 million de femmes souffrent de ce problème en Afrique. Par conséquent les besoins sont énormes et je suis heureux de pouvoir aider ».
« C’est profondément gratifiant », confirme Madame Honeine. « Nous savons que nous transformons la vie de ces femmes et elles apprécient tellement nos soins ».
Lors de ce voyage, des urologues d’Ottawa et de Tel-Aviv, ainsi qu’un anesthésiste, une infirmière et une coordinatrice de Montréal se sont joints au trio de l’HGJ. Ces personnes ont fait don de leur temps, mais les autres dépenses, de l’ordre d’environ 30 000 $, dont la majorité pour le transport, ont été dérayées par la Fondation MMS – Mères du monde en santé.

Lors d’une intervention chirurgicale à l’Hôpital de Ruhengeri, au Rwanda, l’équipe médicale bénévole comprenait trois membres du personnel de l’HGJ.
Pour le Dr Corcos, ce travail, bien que satisfaisant, est souvent épuisant, puisqu’une mission de 10 jours comprend de 10 à 15 interventions chirurgicales. Madame Honeine décrit son rôle comme étant « beaucoup plus pratique » qu’à l’HGJ, puisqu’elle doit, par exemple, déplacer des civières qui sont moins neuves, plus lourdes et plus difficiles à manipuler.
« Malgré tout, nous nous adaptons et faisons preuve de créativité », dit-elle. « Heureusement, les Rwandais du secteur des soins de santé sont compréhensifs et n’hésitent pas à nous aider. Leurs ressources sont différentes, mais j’essaie de leur prodiguer le même niveau de soins que si j’étais à Montréal ».
Le Dr Corcos a créé la Fondation MMS et effectue ces missions en raison des besoins évidents d’urologues pour soigner les fistules obstétricales. Bien qu’il aurait pu choisir de travailler dans d’autres parties du monde, il se rend en Afrique parce qu’il connaît ce continent. En effet, à la fin des années 1970, il a effectué deux ans de service militaire pour la France, en République centrafricaine.

Le Dr Jacques Corcos, à Ruhengeri, au Rwanda, avec Marie-Louise (à gauche), une sage-femme locale, et Christine, une travailleuse sociale.
De 2009 à 2015, l’équipe allait à Boromo, au Burkina Faso, deux ou trois fois par année. Mais, devant l’augmentation du risque d’attaques terroristes dans ce pays, le Dr Corcos a transféré la mission au Rwanda.
Madame Honeine, qui a accompagné l’équipe deux fois au Burkina Faso et deux fois au Rwanda depuis 2012, dit qu’elle s’est d’abord jointe à la mission « par simple curiosité et parce que je voulais rendre un peu de ce que j’avais reçu au reste du monde. Ensuite, je suis devenue amoureuse du travail et des gens. Je suis tombée sous leur charme! ».
« Ces femmes ne parlent pas ma langue et je ne parle pas la leur. Mais nous tissons malgré tout une relation thérapeutique, et nous arrivons à communiquer indirectement par le biais de signes et en pointant les choses du doigt. Quand nous repartons et qu’elles nous sourient et nous embrassent chaleureusement, nous savons que nous avons fait du bon travail. »