Novembre 2022Pleins feux

Le dossier de santé connecté aidera à prodiguer les bons soins au bon moment et au bon endroit

Deuxième partie de l’entretien sous forme de foire aux questions avec le Dr Justin Cross

Dans la première partie de l’entretien sous forme de foire aux questions au sujet du dossier de santé connecté (DSC), le Dr Justin Cross, chef de la Santé numérique du CIUSSS, a présenté une vue d’ensemble de ce projet ambitieux dont la réalisation s’étendra sur plusieurs années, et qui aura une incidence sur la qualité des soins des usagers des soins de santé et des services sociaux.

Catalyseur d’améliorations considérable, le DSC permettra au personnel d’obtenir rapidement et facilement de l’information à jour au sujet de chaque usager par le biais d’une seule plateforme numérique dans toutes les installations du CUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Dans cette deuxième partie, le Dr Cross explique ce qui rend cette initiative aussi compliquée et la raison pour laquelle il est préférable d’élaborer un nouveau système plutôt que d’installer un logiciel universel prêt à être utilisé.

Notre CIUSSS implantera un dossier de santé connecté (un DSC), plutôt qu’un dossier de santé électronique (DSE). Quelle est la différence?

Un DES et notre DSC sont tous deux des dossiers de santé numériques. Cependant, au Canada, le terme DES indique un outil qui est habituellement utilisé dans les hôpitaux de soins aigus.

Nous appelons notre système « dossier de santé connecté » (DSC) pour souligner qu’il sera développé à partir de la base, et qu’il appuiera toutes les installations de notre CIUSSS —plutôt qu’un seul environnement hospitalier— quel que soit l’endroit où une personne reçoit des soins.

Est-ce que le DSC s’inscrit dans la démarche novatrice de notre CIUSSS de fournir les bons soins, au bon moment et au bon endroit?

Tout à fait. Le plan de transformation de notre CIUSSS consiste à fournir les bons soins, au bon moment, à l’endroit le plus pertinent, le plus sûr, le plus pratique et le plus confortable pour les usagers.

Le DSC s’inscrit dans cette démarche en fournissant de l’information uniforme, juste et à jour aux membres du personnel de toutes les installations, quelle que soit l’équipe au sein de laquelle ils travaillent.

Un certain nombre d’initiatives en Soins virtuels, en cours actuellement, ont déjà adopté cette façon de faire, notamment la télésanté, le Centre de commandement et Hôpital@domicile.  

Pour en savoir plus au sujet du dossier de santé connecté

Vous pouvez consulter un aperçu du dossier de santé connecté et découvrir ses avantages dans la première partie de l’entrevue présentée sous forme de foire aux questions avec le Dr Justin Cross, chef de la Santé numérique du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal.

Lorsque le DSC sera opérationnel, une équipe qui participe à l’une de ces initiatives pourra se connecter au système depuis n’importe quelle installation et avoir accès à l’information au sujet de n’importe lequel de nos patients ou usagers des soins de santé.

Par exemple, dans le cadre du programme Hôpital@domicile, certains patients hospitalisés reçoivent leur congé de l’HGJ et achèvent leur rétablissement à leur domicile, où ils font l’objet d’un suivi à distance par l’Équipe de soins d’Hôpital@domicile.

Pour planifier la transition sans heurt d’un patient vers son domicile, les membres de l’équipe doivent savoir quel type de traitement le patient a reçu à l’Hôpital. Cette information sera facilement accessible dans le DSC.

Il s’agit visiblement d’une initiative complexe, mais pourquoi est-elle décrite comme le projet le plus difficile jamais entrepris par le CIUSSS?

Parce qu’il y a énormément d’étapes, qui doivent être franchies méthodiquement, sur le plan technique et sur le plan humain.

Sur le plan technique, l’Équipe des TI doit accomplir un travail considérable pour s’assurer que chaque installation, particulièrement un hôpital important comme l’HGJ, peut effectuer une transition harmonieuse. Les TI doivent créer de nouvelles interfaces, supprimer les systèmes désuets et extraire les données utiles des anciens systèmes avant de les supprimer.

« Nous sommes engagés à fournir aux membres de notre personnel le soutien dont ils ont besoin pour réussir. »

Pour tous les systèmes informatiques qui restent en place, les TI doivent créer de nouvelles interfaces avec le DSC. Lors de la transition de l’ancien environnement, le calendrier de l’ordre des événements est extrêmement complexe. 

Sur le plan humain, puisqu’un changement de cette ampleur présente un défi important, nous sommes engagés à fournir aux membres de notre personnel le soutien dont ils ont besoin pour réussir.

Les employés du CIUSSS dans de nombreux Services et Départements cliniques disposeront d’un nouvel outil qui simplifiera le flux de leur travail. Je parle de choses comme la manière dont les patients sont inscrits ou admis, la manière dont la documentation est rédigée, la façon dont les commandes sont traitées, la préparation des plans de traitements, et ainsi de suite.  

Cela signifie que nous devrons examiner le flux de travail dans chaque installation et collaborer étroitement avec les membres du personnel pour que le logiciel appuie réellement le flux de travail clinique. Nous voulons éviter une situation inverse, où nous tentons de modifier le flux de travail clinique pour l’adapter à un logiciel en particulier.

Et, n’oubliez pas que tout cela doit avoir lieu sans qu’il y ait d’incidence sur le déroulement habituel des activités à l’HGJ et dans les autres installations du CIUSSS.

Est-ce que notre CIUSSS collabore avec un partenaire externe pour développer le DSC?

Oui, nous collaborons avec une entreprise canadienne, Harris Healthcare, qui est une division de Constellation Software. Constellation, dont le siège social est situé à Toronto. Il s’agit de l’une des plus grandes entreprises de logiciel au pays.  

Plutôt que de développer un DSC de la base, ne serait-il pas plus simple d’acheter un logiciel universel prêt à être utilisé? 

Nous avons envisagé d’acheter un logiciel universel prêt à être utilisé, mais avons déterminé que le résultat éventuel ne répondrait pas à nos besoins comme CIUSSS.

Au début de notre processus de planification, nous avons examiné plusieurs logiciels de dossier de santé électronique (DSE) en Amérique du Nord, en Europe et en Israël, mais aucun ne répondait à toutes nos exigences.

L’une des principales raisons était que la plupart de ces DSE se concentraient sur les activités d’un seul hôpital, ce qui ne convenait pas à notre CIUSSS où les soins sont prodigués dans de nombreuses installations.

Une autre raison est que la plupart des logiciels universels prêts à être utilisés proviennent des États-Unis, où il n’y a pas de système de santé public.

Par conséquent, ces logiciels sont axés principalement sur des caractéristiques comme les cycles de revenus, les assurances privées et les complexités financières connexes, ce qui n’est pas notre réalité, ici au Québec.

« Développer notre propre système présente certains risques, mais un logiciel universel prêt à être utilisé présente également un niveau de risque important. »

Ensuite, ces logiciels universels rendent souvent difficile l’accès aux données sur la santé à d’autres fins que les soins aux patients.

Par exemple, nous pourrions éventuellement vouloir examiner les données des patients dans le cadre d’un nouveau projet d’amélioration de la qualité ou d’un nouveau projet de recherche. Ou encore, nous pourrions souhaiter lancer une nouvelle initiative qui exigerait l’accès à nos données relatives à la santé.

Certaines entreprises qui développent des logiciels universels prêts à être utilisés ont rendu très difficile l’utilisation de ce type d’information pour ce genre de projets.

En fait, certaines entreprises exigent des coûts d’accès pour permettre aux hôpitaux de consulter ces renseignements, ce qui est absurde puisqu’il s’agit de données concernant les propres patients de l’hôpital. En développant notre propre DSC, nous nous assurons de pouvoir utiliser nos données comme nous l’entendons. 

Nous avons également découvert qu’aucun logiciel universel n’est bilingue dynamiquement; la langue de l’interface avec l’utilisateur doit être réglée sur uniquement le français ou sur uniquement l’anglais. Avec notre propre DSC, nous pouvons donner à chaque membre du personnel la possibilité de choisir la langue dans laquelle elle ou il est le plus à l’aise de travailler.

Il ne fait aucun doute que de développer notre propre système présente certains risques, mais un logiciel universel prêt à être utilisé présente également un niveau de risque important.

Par exemple, comme nous l’avons vu récemment dans les médias, le système hospitalier de l’administration des anciens combattants des États-Unis, qui est un énorme système de prestation de soins de santé, a éprouvé de nombreux problèmes lors de l’implantation de l’un des principaux DES universels.

Un logiciel universel prêt à être utilisé n’est pas nécessairement synonyme de « sans risque ».

Previous article

Des soins plus sécuritaires et plus rapides à l’horizon grâce à la refonte des dossiers médicaux

Next article

Il est indispensable d’embrasser le changement pour assurer l’amélioration soutenue des soins selon le personnel du CIUSSS