Les casques de réalité virtuelle sont des distractions bienvenues pour les patients qui reçoivent des traitements de chimiothérapie

Offert par l’organisation L’espoir, c’est la vie comme divertissement pendant les longues séances de traitement
Si Alejandro Rincon sent qu’il a besoin de faire une pause de sa séance de chimiothérapie, il change de perspective et part ailleurs — au Maroc, peut-être, ou en Australie, si c’est ce qui l’attire.
Et, bien qu’il s’agisse seulement d’un voyage de 10 à 15 minutes, Monsieur Rincon — qui regarde des vidéos immersives de voyages par le biais d’un casque de réalité virtuelle — est tellement captivé qu’il a presque l’impression d’avoir quitté le Centre du cancer Segal à l’HGJ.
« C’est tellement agréable d’être distrait pendant un certain temps », dit Monsieur Rincon, qui recevait des traitements cet hiver pour soigner une forme de leucémie. « Il y a des moments, où j’éprouve le besoin de m’évader, et j’ai vraiment l’impression d’y être. »
En moyenne, chacune de ses séances de chimiothérapie dure 2 h 30, du lundi au vendredi. Pour passer le temps, il apporte souvent un livre, navigue sur Internet avec son téléphone ou dort tout simplement.
Cependant, le casque de réalité virtuelle lui offre une autre possibilité qui fait une énorme différence pour son bien-être et sa tranquillité d’esprit.
Lorsque les casques ont été utilisés pour la première fois par L’espoir, c’est la vie, en 2018, au sein de l’Unité de soins palliatifs, à l’HGJ, ils offraient une distraction bien nécessaire aux patients alités, qui se sentaient soulagés et étaient heureux d’être transportés figurativement dans des lieux exotiques, même pendant peu de temps.
À cette époque, l’HGJ était le seul Hôpital au Québec où les patients avaient la possibilité d’utiliser des vidéos de réalité virtuelle de cette manière, explique Rifka Hanfling, la coordinatrice en soins palliatifs de L’espoir, c’est la vie, qui a joué un rôle important pour transformer ce projet en réalité.
Devant les commentaires positifs des patients, L’espoir, c’est la vie a décidé d’élargir l’utilisation des casques aux personnes qui reçoivent des traitements de chimiothérapie, dans le cadre desquelles les séances fatigantes et souvent fastidieuses peuvent durer d’une à cinq heures.
Les casques sont habituellement disponibles deux fois par semaine, lorsqu’une bénévole formée à cette fin est disponible, soit les mardis de 13 h à 16 h et les vendredis de 9 h 30 à 12 h 30.
Pour certaines personnes, les casques créent une expérience tellement réaliste que leur utilisation doit être supervisée par la bénévole Anastasiya Gudymenko, une étudiante en kinésiologie à l’université Concordia, ou par sa collègue, Zoe Romano.
Les vidéos de voyage — vers des destinations comme l’Italie, la France, Israël et l’Alaska — sont les plus demandées, explique Zoe Romano, qui suit un programme de 12e année comme option de remplacement au CÉGEP. Elle note cependant que plusieurs patients aiment également l’expérience simulée d’assister à un concert.
Selon Anastasiya Gudymenko, plusieurs patients se contentent d’utiliser le casque pendant de trois à cinq minutes, tandis que d’autres le gardent jusqu’à 45 minutes. « Ce n’est pas le genre de passe-temps auquel nous pouvons nous adonner pendant une heure, parce que les sens sont vraiment sollicités », souligne-t-elle.
Hinda Goodman, coordinatrice du Programme d’oncologie à L’espoir, c’est la vie, dit que les casques sont disponibles grâce au don d’une ancienne bénévole et orthophoniste, feu Marilyn Fichman.
« Marilyn a elle-même eu des traitements de chimiothérapie », ajoute Madame Goodman, « et elle savait que plusieurs deviennent parfois anxieux et frustrés. Ces personnes ont désespérément besoin d’une distraction pendant leurs traitements. »
« Elle a compris que lors des traitements de chimio les patients ont besoin de quelque chose qui les fait sourire. Et, lorsque ces personnes sont dans une réalité virtuelle, elles en raffolent! La réalité virtuelle leur permet de s’évader du fauteuil dans lequel ils sont assis pour recevoir un traitement. »
Habituellement, la première réaction des nouveaux utilisateurs est de l’étonnement, puis de la gratitude d’avoir accès à quelque chose d’aussi réparateur qui améliore leur humeur, de dire Zoe Romano.
« Certaines personnes m’ont même demandé ‘Qu’est-ce que c’est cet appareil? Comment ça s’appelle? Je veux en acheter un!’ » ajoute Anastasiya Gudymenko en souriant.
« Même si les patients ont apporté un iPad ou un téléphone pour regarder un film ou une émission de télévision, utiliser les casques est complètement différent », dit-elle. « Un film est seulement quelque chose à visionner; la réalité virtuelle est un billet pour sortir d’ici. »