Les patients qui participent au programme avant-gardiste de l’HGJ font l’objet d’une surveillance à distance pendant qu’ils se rétablissent à leur domicile

Grâce à la technologie numérique, Hôpital@Domicile transforme le domicile des patients en unité hospitalière virtuelle
Larry Katz était catégorique : il n’était absolument pas question qu’il passe quatre jours de plus à l’Hôpital.
Son triple pontage avait été effectué avec succès à l’HGJ le 15 février et, plus d’une semaine plus tard, il se sentait en bonne santé et optimiste.
Si tout ce qu’il devait faire était de se reposer pendant quatre jours avant une procédure cardiaque de suivi, pourquoi ne pouvait-il pas le faire à son domicile?
Son infirmière était désolée, mais si peu de temps après une intervention chirurgicale majeure, il était essentiel que son état de santé soit surveillé à l’Hôpital.
Par conséquent, la réponse était « non ».
Mais, quelques heures plus tard, la réponse était « oui ».

Dans le cadre du programme Hôpital@Domicile, certains patients terminent leur rétablissement à leur domicile (à gauche). Grâce à la technologie numérique, ils peuvent restent en contact avec l’équipe de soins virtuels à l’Hôpital, qui surveille en permanence leurs signes vitaux à distance. (Cliquez pour agrandir)
Par coïncidence, Monsieur Katz avait présenté sa demande juste au bon moment en février, lors du lancement du programme Hôpital@Domicile à l’HGJ.
Dans le cadre de ce nouveau programme, le premier du genre au Québec et l’un des très rares au Canada, les patients admissibles terminent leur rétablissement à leur domicile tout en étant surveillés en permanence à distance grâce à la technologie numérique.
L’objectif est d’optimiser la convalescence du patient en lui permettant de se rétablir dans un environnement confortable et familier.
De plus, le patient court moins de risques de contracter une infection nosocomiale, et le lit d’hôpital libéré est disponible plus rapidement pour un patient qui en a un besoin urgent.
Cependant, bien que le lieu où le patient se trouve change complètement, cette personne n’obtient pas un congé de l’Hôpital. Le patient se trouve plutôt au sein d’une unité virtuelle, dont le cadre réel est son domicile.
« La zone de confort est tellement meilleure à notre domicile », explique Monsieur Katz, qui est âgé de 80 ans. La procédure de suivi a eu lieu à l’Hôpital Royal Victoria et Monsieur Katz se sentait bien dès la mi-avril.
« J’ai été très impressionné et très satisfait de la qualité des services fournis par les médecins, les infirmières et tous les autres membres de l’équipe — tous très professionnels », ajoute-t-il.
Une extension numérique de l’Hôpital
Sa conjointe, Carol Adams, note que leur participation au programme Hôpital@Domicile leur a fait envisager les choses sous un angle différent et comprendre que Monsieur Katz se trouvait réellement dans une extension numérique de l’Hôpital, même s’il se reposait à leur domicile, à Westmount.
« C’était un état d’esprit différent, mais cela signifiait qu’il était encore suivi et recevait encore des soins », ajoute Madame Adams.
Cette stratégie de s’assurer que les soins suivent le patient est intrinsèque à la démarche de « Soins de près et de loin » qui a été adoptée par le CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal (dont l’HGJ est le fer de lance).
L’objectif est de fournir des soins dans l’environnement le plus pertinent, le plus sûr, le plus pratique et le plus confortable pour le patient.
Votre appui est vital pour le programme Hôpital@Domicile
Pour maintenir l’efficacité et la possibilité de combler les besoins des patients, le programme Hôpital@Domicile compte sur le soutien de la Fondation de l’HGJ et de ses généreux donateurs.
En faisant un don à la Fondation, vous pouvez aider de nombreux patients à terminer leur rétablissement dans le confort de leur foyer.
Dans un sens plus large, cette démarche de prodiguer des « Soins de près et de loin » s’inscrit également dans le cadre de deux aspects clés de la mission fondamentale du CIUSSS, soit de trouver de nouvelles manières d’améliorer la qualité des soins centrés sur le patient, et de tirer davantage parti de la technologie numérique, lorsque c’est possible.
« Nous continuerons de peaufiner et d’améliorer le programme Hôpital@Domicile au cours des prochains mois, mais je suis certain qu’il deviendra l’un des outils de nouvelle génération les plus précieux de notre CIUSSS », a déclaré le Dr Lawrence Rosenberg, le président-directeur général du CIUSSS. « Selon moi, il ne fait aucun doute qu’il aura une valeur durable pour un nombre croissant de patients. »
Pendant la phase pilote l’hiver dernier, le programme était connu sous le nom de COVID@Domicile, puisque les participants étaient exclusivement des patients infectés par la COVID-19 dont le séjour à l’Hôpital était presque terminé.
L’évolution du programme
Les résultats de COVID@Domicile ont été tellement prometteurs qu’en février, le programme a évolué pour devenir Hôpital@Domicile, et englober un éventail plus vaste de patients. Parmi ces derniers, les personnes souffrant d’une insuffisance cardiaque, de maladie pulmonaire obstructive chronique, d’une pneumonie, d’infections urinaires et de cellulite, ainsi que les patients que se rétablissaient de certains types d’interventions chirurgicales.
Jusqu’à maintenant, 22 patients en tout de l’HGJ ont participé aux deux phases du programme.
Cependant, seuls les patients vivant dans la région desservie par le CIUSSS peuvent participer au programme, et uniquement s’ils répondent à certains autres critères de base, explique Erin Cook, la directrice adjointe de la Qualité, de la Transformation, de l’Évaluation, de la Performance et de l’Éthique.

Erin Cook, directrice adjointe de la Qualité, de la Transformation, de l’Évaluation, de la Performance et de l’Éthique, et le Dr Lawrence Rudski, directeur du Centre cardiovasculaire Azrieli, discutent du programme Hôpital@Domicile, tout en consultant les données affichées sur les écrans du Centre de commandement, à l’HGJ.
D’abord et avant tout, dit-elle, la participation est volontaire, et aucun patient n’a l’obligation de poursuivre son rétablissement à son domicile. Les patients doivent également faire l’objet d’une évaluation exhaustive afin de confirmer qu’ils se sont rétablis suffisamment pour que la surveillance à distance soit pertinente et sûre.
Un autre élément pré requis essentiel est la présence au domicile du patient d’une personne proche aidante pour fournir un soutien général à ce dernier et l’aider à utiliser la technologie, ajoute le Dr Lawrence Rudski, directeur du Centre cardiovasculaire Azrieli à l’HGJ, et chef de l’Information médicale au CIUSSS.
L’appareil principal, que l’HGJ prête au patient, est un téléphone intelligent ou un iPad contenant les logiciels requis. Dans certains cas, l’Hôpital fournit aussi un patch adhésif qui est collé sur la poitrine du patient et transmet virtuellement à l’équipe de soins les données médicales du patient.
Selon le Dr Rudski, la connexion par vidéo permet à l’équipe de soins de voir le patient et aide à déterminer la progression de son rétablissement. Par exemple, il explique que l’équipe peut demander à une personne souffrant d’un problème cardiaque de démontrer sa stabilité en marchant pendant qu’il est à l’écran lors de la rencontre par vidéo.
Dans le cas de Monsieur Katz, le contact avec l’HGJ avait lieu cinq fois par jour, entre 6 h et 23 h, habituellement par le biais d’un appel téléphonique avec une infirmière. Chaque fois, Monsieur Katz devait répondre à une série de questions au sujet de son état de santé, tandis que Madame Adams transmettait les données médicales (pression sanguine et autres signes vitaux) qu’elle avait mesurées et consignées dans un cahier.
En outre, pendant les séances vidéo, qui duraient habituellement de 10 à 12 minutes par le biais du téléphone intelligent, ils informaient le médecin et les autres membres de l’équipe de soins des différents aspects de l’évolution du rétablissement de Monsieur Katz.
Grâce à ces contacts fréquents, et au numéro de téléphone d’une infirmière qu’ils pouvaient contacter 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ils étaient rassurés et savaient que Monsieur Katz faisait l’objet d’un suivi étroit et était entre bonnes mains.
Nuits d’insomnie avec la COVID-19
Il en a été de même pendant l’étape finale du rétablissement à domicile de Linda Lin après la COVID-19. Cependant, pour elle, quitter l’Hôpital aussi rapidement que possible était un besoin plus pressant.
À la mi-décembre 2021, Madame Lin, son mari Jason Zhan, et deux de leurs quatre enfants ont eu un test positif de contamination au virus. Toutefois, seule Madame Lin a éprouvé des symptômes importants, notamment une diminution du taux d’oxygène dans son sang, qu’elle mesurait régulièrement de son domicile.

Jason Zhan et Linda Lin dans le quartier montréalais où ils possèdent et gèrent un dépanneur, dont le mur latéral est décoré d’une murale de fleurs.
Son état de santé a continué de s’aggraver, et finalement, le 21 décembre, Monsieur Zhan a emmené sa femme, âgée de 45 ans, à l’HGJ, un choix naturel puisque tous leurs enfants y étaient nés. Et, après un bref séjour à l’Unité de soins intensifs, elle a été transférée à sa propre chambre d’isolement.
C’est là que Madame Lin a commencé à ressentir un malaise important. Bien qu’elle décrive la qualité des soins reçus et l’attention du personnel comme étant « excellentes, les meilleurs », son essoufflement et l’environnement inhabituel l’empêchaient de bien dormir plus de trois heures par nuit et habituellement beaucoup moins.
Madame Lin pense qu’elle serait arrivée à se calmer et à dormir si elle avait pu parler à d’autres personnes. Cependant, elle était en quarantaine, isolée des autres patients, et elle ne voulait pas déranger son mari ou ses enfants avec un appel téléphonique pendant la nuit.
Heureusement, un événement décisif a eu lieu en janvier. En effet, Madame Lin qui était hospitalisée depuis plus de trois semaines, a été invitée à devenir l’une des premières participantes au programme COVID@Domicile.
Et, elle a saisi cette occasion. Le 14 janvier, en compagnie de Monsieur Zhan, elle est retournée à leur appartement situé au-dessus du dépanneur dont ils sont propriétaires et qu’ils gèrent à Montréal. Ils étaient munis d’une bouteille d’oxygène de l’HGJ au cas où le taux d’oxygène dans le sang de Madame Lin deviendrait trop bas, ainsi que d’un bracelet qui transmettait les données médicales à l’équipe de soins à l’Hôpital.
Selon Monsieur Zhan, sa femme a commencé rapidement à dormir un peu plus longtemps chaque nuit, jusqu’à ce qu’elle retrouve sa moyenne habituelle de sept heures. « Quel soulagement de la voir faire de si bons progrès», dit-il.
Cinq fois par jour, Monsieur Zhan fermait le magasin, baissait les stores devant les fenêtres, et montait à l’étage rejoindre sa femme pour un appel téléphonique avec l’infirmière ou une rencontre par vidéo avec l’équipe de soins virtuels, qui comprenait souvent un médecin, une nutritionniste et un pharmacien.
Dès le 30 janvier, Madame Lin se sentait suffisamment bien pour mettre fin à sa participation au programme COVID@Domicile et obtenir un congé complet de l’HGJ. À la mi-avril, ses poumons étaient presque revenus à la normale, bien qu’elle était parfois essoufflée si elle marchait trop loin ou montait les escaliers trop rapidement.
« J’apprécie réellement ce que l’HGJ a fait pour moi », de dire Madame Lin. « Les soins m’ont sauvé la vie et m’ont permis d’être aussi confortable que possible en veillant sur moi à mon domicile. »