Pour Mike Shulha, la transformation de nouvelles idées en logiciel réactif est indispensable pour la création d’un dossier de santé connecté

Le mégaprojet CIUSSS permettra aux membres du personnel de consacrer plus de temps à prodiguer des soins aux usagers

Étonnant, mais vrai : à une époque d’avancées technologiques spectaculaires, le personnel clinique consacre encore énormément de temps à saisir et à ressaisir les mêmes données dans les dossiers des patients, et parfois au sein de la même installation de soins de santé.

Bien que de telles situations ne soient pas rares ailleurs au Québec et au Canada, Mike Shulha est visiblement enthousiaste lorsqu’il parle de la solution pour y remédier : le dossier de santé connecté (DSC), un mégaprojet qui est sur le point de révolutionner la manière dont les données médicales du CIUSSS sont enregistrées, conservées, récupérées, affichées et partagées.

« Notre vision est d’avoir un seul dossier qui suit chaque patient tout au long de la trajectoire de soins, dans un système numérique unique réunissant nos équipes de soins et nos patients », explique Monsieur Shulha, responsable de l’Expérience usager pour le DSC et adjoint au directeur de la Santé numérique.

« Notre objectif est de produire un logiciel qui permettra au personnel de passer moins de temps devant les écrans et les ordinateurs afin de consacrer plus de temps aux interactions humaines des soins de santé », ajoute-t-il.

Le dossier de santé connecté est un projet complexe qui sera développé et implanté au cours des années à venir. L’objectif de cette démarche est de mettre à la disposition des membres du personnel de l’information uniforme et à jour au sujet de chaque usager, sur une plateforme numérique unique dans toutes les installations du CIUSSS.

Selon Monsieur Shulha, « Il est essentiel d’examiner en profondeur les réalités quotidiennes et le flux de travail en évolution constante des membres du personnel qui prodiguent des soins aux usagers, afin de bien les comprendre. Avec nos partenaires de développement chez Harris Healthcare, nous réinterprétons comment ces éléments pourraient exister dans le cadre d’un système moderne comme le DSC. »

Harris Healthcare est le partenaire canadien avec lequel le CIUSSS collabore pour développer le logiciel du DSC.

« L’idée n’est pas d’élaborer un logiciel en isolement pendant deux ou trois ans et de le présenter ensuite à nos cliniciens. Nous voulons avoir leur apport de la première à la dernière étape, ce qui signifie qu’ils participeront à la conception du logiciel. Ce dernier sera développé pour et par les cliniciens et les administrateurs, conformément aux réalités de notre CIUSSS dans le cadre du système de soins de santé du Québec. »

« Je m’efforce de m’assurer que les excellentes idées de chacun relativement à l’amélioration de la qualité des soins de santé sont transmises à l’équipe de création du logiciel de Harris. »

Monsieur Shulha donne des exemples de ce que le DSC pourra également faire :

• L’un des principes clés du DSC est : ‘entrer l’information une fois et la réutiliser’. Cette possibilité permettra d’économiser beaucoup de temps tout en simplifiant et en automatisant le processus de production des statistiques et des rapports pour le ministère de la Santé et des Services sociaux.
• Bien que certaines installations du CIUSSS disposent déjà de systèmes de dossiers électroniques, il est souvent difficile et long de trouver l’information requise au sujet des soins prodigués à un usager. Pour y remédier, le DSC fournira aux membres des équipes de soins une possibilité de recherche sans tracas, semblable à celle de Google, lorsqu’ils devront chercher l’information pertinente ou exécuter une tâche comme demander des tests ou donner des ordonnances.
• Dans les grandes installations où le niveau d’achalandage est élevé, il peut être difficile pour les membres du personnel de joindre une personne en particulier au sein d’une équipe de soins de santé précise pour poser des questions ou clarifier les détails du plan de soins d’un usager. C’est la raison pour laquelle le DSC offrira la fonction de bavardage intégré en temps réel ainsi que d’autres fonctions de communications. Éventuellement, le logiciel permettra également aux usagers de partager de l’information sur les soins de santé par le biais d’un portail qui leur sera réservé.

Participer au lancement de ce genre d’amélioration majeure intéresse profondément Monsieur Shulha, qui a le sentiment de « posséder une bonne capacité d’écouter les gens parler de leurs défis et de la manière dont ils aimeraient travailler. En définitive, je participe à l’optimisation et à l’élaboration du logiciel qui les appuiera. »

Monsieur Shulha travaille au CIUSSS ou dans un domaine connexe depuis plus de 15 ans. Il est entré au service de l’HGJ en 2007, comme adjoint de recherche pour le Dr Roland Grad, au Centre de médecine familiale Goldman Herzl. À ce poste, il a été chargé de différents projets et a éventuellement joué un rôle clé dans l’implantation du dossier médical électronique du Centre.

En même temps, Monsieur Shulha a obtenu son doctorat en terminant ses recherches portant sur l’amélioration de la collaboration des soins et le partage de l’information entre les médecins traitants, les oncologues et les patients dans le contexte des soins aux survivants.

« Lorsque j’ai rencontré le Dr Justin Cross, le chef de la Santé numérique, j’ai immédiatement compris que nous avions la même vision de ce que les logiciels pouvaient accomplir dans le domaine des soins de santé. »

Selon Monsieur Shulha, l’aspect le plus gratifiant de son travail est que « sans être clinicien, j’ai le sentiment qu’à ma manière je peux être d’un apport aux soins prodigués aux patients ».

« Je suis enthousiasmé par mon rôle et la possibilité de fournir aux cliniciens des outils supérieurs qui leur permettront de mieux comprendre ce qu’ils s’efforcent de faire. C’est très satisfaisant de pouvoir saisir une occasion aussi exceptionnelle de changer les choses. »